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Parmi les premiers à jeter le doute sur la fiabilité du TR il y avait les Jésuites et d'autres théologiens catholiques. Ils avaient l’intention de faire échouer le principe, mis en évidence par la Réforme, de la seule autorité de l'écriture. La critique du texte avait pour but de démontrer comment l'écriture seule ne peut pas être la seule source fiable de la révélation. Pour eux les chrétiens ont besoin de la Tradition et du Magistère de l'Église Catholique s’ils veulent savoir ce que Dieu a révélé.
En même temps on cherchait à défendre la primauté de la Vulgate, la traduction officielle de l'Église Romaine, contre le texte grec. La Vulgate, en effet, diffère en quelques points du texte byzantin et contient les variantes chères à la critique textuelle. Cependant, cette attaque sournoise sur les fondements de la Réforme était à l'époque fortement rejetée par les Réformateurs.
Au XVIII et XIX siècle, une époque où la science et la théologie ont subi l'influence croissante des Lumières, du rationalisme et de l'incrédulité croissante, des critiques du texte tels que Griesbach, Lachmann, Tischendorf, Westcott et Hort ont pensé à reconstruire, à travers la combinaison de plusieurs manuscrits plus anciens, ce qui, selon eux, devait être le texte original du NT. Pour eux, le TR est un texte corrompu, sorti d'une rédaction tardive. Ils lui ont opposé un petit nombre de manuscrits de la tradition alexandrine, c’est-à-dire d'Alexandrie en Egypte, estimant qu'ils étaient les seuls copies fidèles des textes originaux. [1]
Pour eux le TR n'était pas fiable car il contenait que des manuscrits tardifs. En effet, les rouleaux, dans le climat chaud et humide de la Méditerranée, avaient généralement une durée de 150-200 ans, et devait donc être remplacées par de nouvelles copies. Par conséquent, les témoignages plus anciens du MT sont du VIII au XV siècle. Il y a, cependant, également des mss. du V et du VI siècle à témoignage du MT, et justement dans les plus anciens mss. sur papyrus il y a des formes typiques du texte byzantin.
C'est un fait indéniable: le MT présente une uniformité extraordinaire, témoignée par des centaines de manuscrits compilés dans différents âges et dans différentes régions du christianisme. Westcott et Hort ont essayé de l'expliquer en supposant que dans le quatrième siècle il avait été fait une supervision et une unification des textes de l'Église. A cette époque, plusieurs anciennes traditions auraient été harmonisées et déposées pour former un nouveau texte unitaire.
À l'appui de cette hypothèse arbitraire, cependant, aucune preuve ne fut fournie. Une telle révision drastique du NT grec, valable pour toutes les églises, avec le soutien de tous les évêques, aurait dû certainement laisser des traces. La découverte de papyrus avec d'anciennes citations des "Pères de l'église" montre en effet comment la tradition du MT était présente avant le IV siècle.
Il est également supposé qu’une rédaction en soit si harmonieuse, claire et doctrinalement saine que celle du TR, ne peut pas être originale mais le résultat d’une attentive révision éditoriale. En outre il fut dit qu’un scribe du NT aurait eu plutôt tendance à corriger quelque parole de l'Écriture, ou à faire des ajouts explicatifs. Par conséquent, les termes obscurs, difficiles à comprendre, seraient précisément ceux d'origine.
Dans certains mss. très vieux, en provenance de l'Egypte, les critiques ont décidé qu'il avait trouvé le texte original du NT. Ces mss. omettent beaucoup de mots ou des passages entiers figurant dans 90% des mss., en remplacent d’autres par d’obscures variantes, présentent beaucoup de contradictions et d'erreurs de grammaire.
Quand il avait 23 ans, le critique Hort a exprimé les préjugés des critiques contre le TR en ces termes: “Jusqu'à il y a quelques semaines, je n'avais aucune idée de l'importance des textes, ayant lu si peu de l'Ancien Testament grec, et j'ai traîné avec le dégoûtant Textus Receptus... Pensez seulement au honteux Textus Receptus, qui est entièrement basé sur les manuscrits tardifs, c'est une bénédiction qu'il y a des antécédents". [2]
Les «textes de base» de la critique textuelle sont une poignée de manuscrits anciens ou de lettres onciales provenant de la tradition alexandrine, et tout d'abord, le Codex Sinaiticus (Codex A) et le Codex Vaticanus (Codex B), les deux du IV siècle. Dans eux manquent de nombreux termes, certains importants et ils manquent certains versets ou passages qui sont présents dans le MT. D’autres termes et versets sont modifiés.
Presque tous les représentants de la critique textuelle font valoir que ces anciens manuscrits sont les plus proches des originaux pour la fidélité au texte, bien que dans de nombreux égards, ils se contredisent et contiennent des erreurs de copie fréquentes. En revanche, environ 2500 manuscrits en lettres cursives, minuscules, et de nombreux manuscrits en lettres onciales, majuscules, (à partir du V siècle) faisant partie du MT sont considéré comme de deuxième importance et négligeables pour le témoignage du texte original.
Que les manuscrits plus anciens du NT soient aussi les plus fiables semble à première vue un fait logique. Mais déjà au XIXe siècle ce fait a été contestée et rejeté par les chercheurs et les experts de l'histoire des textes de la Bible, comme John W. Burgon[3] et Frederick H. A. Scrivener. Ceux-ci ont démontré que, dans les premiers siècles, la transmission des textes ne se produit pas partout avec la même diligence et fidélité. Près des copistes byzantins elle était très précise, mais on ne peut pas dire la même chose pour les copistes alexandrins. Justement le mss. très anciens, les alexandrins, sont présentés comme l’œuvre de copistes négligents dans leur travail et auteurs de changements arbitraires. On y rencontre des erreurs de copie ou même de mutilation évidente du texte, parfois des variantes influencées par des doctrines hérétiques.
[1] Une complète démonstration des méthodes de la critique textuelle nous est fournie par Wilbur N. Pichering: The Identity of the New Testament (180 pages). Nashville (Thomas Nelson) 1980.
[2] Cité par Pickering, Identity, p. 31. Dans l’original: "…and dragged on with the villainous Textus Receptus… Think of that vile TR".
[3] Les oeuvres, dans les quelles le savant anglais John W. Burgon a rejeté les arguments fondés sur la critique textuelle de Westcott e Hort, sont restées jusqu’à maintenant irréfutables et d’une validité permanente pour tous ceux qui veulent approfondire ce sujet. Récemment elles ont été publiée en forme réduite: John William Burgon, Unholy Hands on the Bible. Editeur: Jay P. Green sen., Lafayette, Indiana, 1990.
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